GARNIER
Maëva
Chargée de recherche CNRS
Recherche
Approche générale

Mes travaux de recherche s’intéressent à la notion « d’effort » dans la production de parole et visent à comprendre son lien avec différents troubles de la communication orale (dysphonie, bégaiement, dysarthrie parkinsonienne, …). Ces derniers peuvent en effet être la conséquence :

 

  • d’une régulation inadaptée de l’effort de production par rapport à la situation de communication soit par perception altérée de cet effort (surestimé, sous-estimé, sur la base des retours sensoriels auditifs et proprioceptifs), soit par perception altérée de la situation et de ses contraintes d’intelligibilité, soit par dysfonctionnement des mécanismes de régulation eux-mêmes (boucle audiophonatoire, recalibration sensori-motrice). Le trouble de l’effort est alors quantitatif (excès vs. manque d’effort).

 

  • d’une non-optimisation dans la réalisation de cet effort, par l’adoption de coordinations gestuelles ou de stratégies de communication inefficaces, i.e. qui requièrent beaucoup d’efforts physiologiques pour peu de résultat (sonore ou communicationnel). Le trouble de l’effort est alors plutôt qualitatif.

 

Mon objectif est de pouvoir apporter aux orthophonistes des connaissances leur permettant d’élaborer ou d’améliorer des programmes de prévention, de diagnostic et de rééducation de ces différents troubles.


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Axes de recherche

  • Caractérisation des efforts de parole

Dans cette perspective, je mène des recherches qui visent à caractériser, quantifier, et modéliser cet effort de production. Cela nécessite en amont un travail méthodologique pour rechercher et développer de nouvelles techniques de mesure (ex : nouveaux capteurs) et descripteurs pertinents des efforts de parole, à partir des signaux acoustiques et physiologiques mais aussi de la qualité vocale perçue.



  • Adaptation et régulation des efforts de parole

Ces questions m’amènent également à investiguer de façon plus fondamentale les mécanismes d’adaptation et de régulation des efforts de parole (effet Lombard, convergence phonétique, compensation d’un retour auditif perturbé) pour mieux comprendre leurs principes, leurs contraintes et motivations, les facteurs qui les influencent (situation, anatomie, culture, expertise, …), les réseaux cérébraux sur lesquels ils se basent.



  • Optimisation des efforts de parole

Je conduis également un ensemble de travaux visant à comprendre comment certaines coordinations de gestes permettent, par leurs interactions, d’optimiser les efforts de production (équilibre de forces antagonistes, interaction source-filtre, …) et comment certains indices de paroles permettent, par leur complémentarité ou leur redondance, d’optimiser les efforts communicationnels (complémentarité audiovisuelle, …).



  • Applications pédagogiques et orthophoniques

Les méthodologies et connaissances théoriques apportées dans ces différents travaux me permettent alors de caractériser les stratégies de production et d’adaptation de la parole de différentes populations de sujets, expertes d’une technique vocale ou de communication, ou au contraire, présentant un trouble de la parole ou de la communication. Cela me permet de mieux comprendre:

-ce qui peut être varié et contrôlé par le locuteur

-ce qui, dans des techniques expertes, explique leur efficacité et peut être transféré à des techniques de prévention ou de rééducation

-ce qui dysfonctionne dans la stratégie de production de personnes présentant un trouble de la parole lié à l’effort, et ce qui peut ou non être alors rééduqué avec l’aide d’une orthophoniste ou évité par un programme de prévention.




  • Méthodes statistiques

Enfin, de façon transversale à ces différents travaux, j’ai rencontré depuis le début de ma carrière différents problèmes liés au traitement statistique de mes données, le plus souvent répétées, appariées et multiparamétriques. Bien que ces problèmes soient assez classiques et partagés au sein de notre communauté, les méthodes statistiques habituellement mises en œuvre ne sont pas toujours adéquates ou approuvées par des experts en statistique, pour qui nos types de données et questions posées représentent un véritable objet de recherche. C’est pourquoi une partie non négligeable de mes activités depuis 3 ans consiste à collaborer avec des chercheurs en statistiques sur différentes études et jeux de données associés, de façon à développer de nouvelles méthodes statistiques adaptées et ensuite généralisables à d’autres études futures.

Grenoble Images Parole Signal Automatique laboratoire

UMR 5216 CNRS - Grenoble INP - Université Joseph Fourier - Université Stendhal