Dévelopement
conjoint de la perception, de la production, et de la phonologie au
cours de la première année de vie
(en cours)
Ce projet,
issu d’une collaboration entre le Gipsa-Lab (JL Schwartz, A. Vilain) et le LPNC
(O. Pascalis, H. Loevenbruck), dans le cadre du projet Européen Speech Units
porté par JL Schwartz, a pour but d’étudier le développement des capacités de
perception et de production de la parole chez le nourrisson de 6 à 12 mois.
Dans le cadre des théories motrices de la parole, et
plus particulièrement de la
théorie de la Perception pour le Contrôle de
l’Action (Schwartz et al., 2012), il vise à
vérifier
l’hypothèse que le développement de la production
contribue à développer les
capacités de perception chez le nourrisson. Plus
particulièrement la phase de babillage canonique (au
cours de laquelle le nourrisson commence à produire des syllabes
bien
différenciées de type « baba » ou
« didi ») devrait avoir
pour effet d’affiner la perception catégorielle de
phonèmes chez le nourrisson.
En utilisant des stimuli de syllabes, nous réalisons des
études de perception catégorielle de contrastes phonémiques (ex. sur le lieu
d’articulation, /d/ vs /g/) dans différents contextes vocaliques, en
comparant des nourrissons produisant et ne produisant pas encore le contraste
phonémique testé.
Nous nous attendons à voir de meilleures discrimination
chez les nourrissons produisant le contraste testé que chez ceux
ne le produisant pas encore.
Compensation inter-modale et latéralisation
hémisphérique pour le traitement des visages chez les sourds profonds précoces
Ce
projet de
post-doc, réalisé sous la direction d’O. Pascalis
au LPNC à Grenoble, s’est intéressé à
la latéralisation
hémisphérique pour le traitement des visages chez les
sourds profonds précoces.
Au niveau
cérébral, le traitement des visages se fait dans la partie latérale du gyrus
fusiforme, situé dans le cortex temporo-occipital inférieur. Cette région présente typiquement
une latéralisation droite, les zones droites étant davantage activées lors de tâches
d’identification ou de catégorisation de visages.
Chez
les
sourds profonds précoces, qui n’ont jamais eu
d’expérience avec la modalité
auditive, les visages constituent un stimulus particulier, que ce soit
à cause de la privation auditive en elle-même ou car pour
les langues signées les expressions faciales constituent un
stimulus langagier à part entière. Des effets de
compensation inter-modaux ont été montrés, sous la
forme d’une amélioration des
capacités de traitement dans la périphérie
visuelle, ainsi que d’un meilleur traitement
des caractéristiques locales des visages. Certains travaux ont
ainsi montré une modification de la
latéralisation hémisphérique pour le traitement
des expressions
faciales chez les sourds profonds précoces.
Le
but de notre projet était
de déterminer si ces modifications de la latéralisation
hémisphérique pourraient
également affecter le traitement des visages en lui-même,
et pas seulement le
traitement des caractéristiques changeantes du visage. En
utilisant des visages chimériques (partie gauche homme, partie
droite femme ou inversement) dans une tâche de
catégorisation du genre nous avons démontré chez les participants
sourds une réduction de l’Avantage pour le Champ Visuel Gauche, reflet
comportemental de la latéralisation hémisphérique droite. Cette réduction semblerait
se refléter dans les patterns de fixations oculaires, les participants sourds
semblant moins enclins à se fixer sur la partie gauche du visage qui leur fait
face.
Perception de la parole dans le bruit et
Dyslexie
Mes travaux de thèse se sont
effectués sous la direction de F. Meunier et de M. Hoen, au Centre de
Recherche en Neurosciences de Lyon et au Laboratoire Dynamique du Langage, en
collaboration avec le Centre d’IRMf
de La Timone à Marseille.
Le but de mes
travaux était d’aborder le trouble de perception de la parole en conditions
bruitées chez des adultes dyslexiques selon une approche en trois axes :
un axe comportemental, un axe neurofonctionnel et un axe neuroanatomique.
Dans
une première approche, nous avons démontré la
persistance du trouble de la
perception de la parole dans le bruit chez le sujet dyslexique adulte.
Celui-ci
était cependant présent uniquement dans des conditions
d’écoute complexes,
comme par exemple lorsque le bruit concurrent était de nature
langagière et
qu’il était co-localisé avec la parole cible
(condition Monaurale). En
revanche, dans une condition Binaurale où cible et bruit
étaient séparés dans
l’espace, les participants dyslexiques montraient un effet de
compensation par
l’utilisation de cette information spatiale. Dans une seconde
approche, nous avons démontré chez les participants
dyslexiques l’absence d’activation
des zones motrices de la parole en condition de parole bruitée,
contrairement
aux participants normo-lecteurs. De plus l’effet de compensation
par l’utilisation de l’information
spatiale chez les dyslexiques était corrélé
à une hyperactivation des régions
temporales supérieures droites, impliquées dans les
processus de ségrégation
entre les différents flux sonores et dans le traitement spatial.
La troisième
partie de ma thèse consistait en une étude
neuroanatomique. Nous avons utilisé
la technique de VBM (Voxel-Based Morphometry) pour étudier les
différences
entre normo-lecteurs et dyslexiques adultes en termes de
répartition de matière
blanche et de matière grise. Nos résultats ont
montré une réduction de l’asymétrie
droite au niveau du sillon temporal supérieur (STS) chez les
dyslexiques,
provenant d’une réduction des volumes de matière
grise chez les dyslexiques en
comparaison avec les normo-lecteurs. Ces régions étant
impliquées dans la
perception de la parole dans la parole et se recouvrant partiellement
avec les
régions hyperactivées lors de l’étude
fonctionnelle, il se pourrait qu’un
défaut anatomique se traduisant par une réduction des
volumes de matière grise provoque
l’hyperactivation des neurones dans la condition Binaurale,
permettant ainsi d’obtenir
un traitement efficace chez les dyslexiques. Ce qui traduirait
cependant un coût
métabolique plus important pour les dyslexiques.