Mes activités de recherche ont débuté avec le mémoire de master, où j'ai commencé à m'intéresser aux aspects du rythme et du timing de la parole. Ces sujets ont été repris dans ma thèse, qui traite la typologie rythmique, c'est-à-dire la catégorisation des langues en classes selon leurs caractéristiques rythmiques. La thèse exploite un corpus de parole lue de 61 locuteurs de 21 langues que j'ai recueilli, segmenté et annoté manuellement. Ces données ont servi à une série d'expériences visant à obtenir une catégorisation des langues sur la base de phénomènes rythmiques. Plusieurs paramètres et de nombreuses formules ont été utilisés, notamment les corrélats acoustiques du rythme proposés par différents auteurs (%V, ΔC, ΔV par Ramus, Nespor et Mehler, 1999, varcoC, varcoV par Dellwo et Wagner, 2003, rPVI, nPVI par Grabe et Low, 2002, cCCI et vCCI par Bertinetto et Bertini, 2008), appliqués sur les durées des intervalles vocaliques, des intervalles consonantiques et des pseudo-syllabes (la distance attaque-à-attaque), ainsi que sur des paramètres moins utilisés dans ce domaine comme f0 et intensité. En général et conformément aux attentes, les résultats montrent des valeurs plus importantes pour les langues dites isoaccentuelles (par ex. l'anglais et l'allemand) que pour les langues dites isosyllabiques (par ex. le français et l'espagnol) et isomoraïques (le japonais). En outre, j'ai démontré que la variabilité des résultats n'est pas aléatoire, mais suit un schéma cohérent selon l'échelle intra-locuteur / inter-locuteur / inter-variété linguistique. Ces résultats acoustiques ont été associés à des données de perception, avec un test mené sur 43 locuteurs naïfs. Ces données montrent des tendances divergentes par rapport à l'étude de Ramus, Dupoux et Mehler (2003) mais conformes à celles d'Arvaniti et Ross (2010). On suppose que ces différences peuvent être liées aux méthodes de dé-lexicalisation utilisées ainsi qu'au protocole. En tout cas, ces résultats semblent mettre en doute l'affirmation que la dichotomie de langues isosyllabiques et isoaccentuelles soit enracinée en perception. La thèse s'achève avec une discussion générale à propos de l'efficacité des mesures utilisées et argumente la nécessité de passer à une représentation scalaire et bipolaire du rythme de la parole.
Depuis octobre 2010 j'intègre l'équipe de recherche Système Linguistiques et Dialectologie (SLD) du Département Parole et Cognition (DPC), GIPSA-Lab, au sein de laquelle je recouvre actuellement la fonction de post-doctorant (50%) et ingénieur d'études (50%). Mon travail de post-doc (50%) s'insère dans le cadre du projet ANR APPSy (Asymmétries Phonologiques et Phonétiques de la Syllabe, resp. N. Vallée). Celui-ci se propose d'étudier la tendance universelle d'attirer les segments consonantiques dans l'attaque de la syllabe (plutôt qu'en coda) dans le cadre de la théorie Frame, then Context de MacNeilage (1998), selon laquelle l'organisation de la parole en succession de C et V est donnée par l'oscillation mandibulaire, dont la phase de remontée est plus rapide que la phase d'abaissement. Mon travail prévoit la constitution et l'enregistrement d'un corpus multilingue pour enregistrements EMA et, ensuite, l'analyse de ces données pour étudier les propriétés biomécaniques du geste mandibulaire.
Pendant la période de mon doctorat et dans les mois suivants, je me suis également intéressé à d'autres sujets. En particulier, j'ai mené certains travaux sur les phénomènes de préaspiration et de désonorisation qu'on retrouve en islandais. Notamment, en collaboration avec A. Romano, M. Stevens et J. Hajek, on a comparé les réalisations préaspirées de consonnes géminées en islandais avec celles d'autres dialectes italiens, en montrant qu'il s'agit de phénomènes comparables, bien que plus évidents et plus marqués en islandais. J'ai récemment présenté un poster à la conférence R-atics3 de Bolzano sur la variabilité des r désonorisées en islandais, en montrant que le contraste de sonorité est en réalité accompagné de différences importantes et statistiquement significatives de durée.
Mon travail d'ingénieur d'études se concentre autour du projet AMPER (Atlas Multimédia Prosodique de l'Espace Roman), dont je suis le secrétaire scientifique en binôme avec Jean-Pierre Lai (GIPSA-Lab). Durant l'année 2010-2011 j'ai coordonné l'édition d'un volume monographique sur ce projet et d'un DVD interactif qui permet la consultation des données récoltées par les nombreux partenaires du projet sur 108 locuteurs et 61 points d'enquête. En outre, j'ai mené des enquêtes en coopération avec Ph. Boula de Mareüil et J-P Lai en Haute-Corse et Vaucluse suivant le protocole AMPER.
Je collabore avec une équipe de l'Université de Turin coordonnée par prof. Pulcini pour la rédaction d'un dictionnaire d'anglicismes en italien. Je me suis occupé des transcriptions phonétiques des voix du dictionnaires (il s'agissait de transcrire la prononciation des anglicismes et des faux anglicismes par les italophones). Je mène actuellement un travail plus proprement lexicographique sur les voix de la lettre R, qui m'ont été confiées.
Au cours de ces années d'activité dans la recherche, j'ai développé un réseau international de collaborations scientifiques avec des chercheurs de différentes universités, qui m'a permis de connaître d'autres écoles, de découvrir de nouveaux points de vue sur mes sujets d'étude et de familiariser avec de nouvelles méthodologies de recherche. Les collaborations que j'estime avoir été les plus importantes pour ma formation scientifique sont incluses dans la liste ci-dessous.
Grenoble Images Parole Signal Automatique laboratoire
UMR 5216 CNRS - Grenoble INP - Université Joseph Fourier - Université Stendhal