GARNIER
Maëva
Chargée de recherche CNRS
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Applications orthophoniques


Au delà des connaissances fondamentales que mes différentes études apportent sur les mécanismes, contraintes et conséquences de l’adaptation de la parole, ces études visent également à mieux comprendre pourquoi certains individus sont plus susceptibles que d’autres de développer des troubles de la voix. La piste que j’ai proposé au cours de ma thèse et continué d’explorer depuis au travers de différents travaux, est que la prévalence des troubles vocaux chez certains individus puisse s’expliquer par une gestion dysfonctionnelle de la boucle production-perception d’adaptation de l’effort communicationnel à la situation.
Il m’apparaît aujourd’hui que cette dysfonction de l’évaluation, l’adaptation et la gestion de l’effort communicationnel n’est pas uniquement spécifique au problème du « forçage vocal », mais peut se retrouver dans d’autres troubles de la parole et de la communication, tels qu’en particulier, dans le bégaiement ou la dysarthrie parkinsonienne. Ces pourquoi je commence petit à petit à élargir l’application de mes travaux à différents troubles de la parole liés à l’effort de production, et non plus seulement à mes préoccupations initiales sur le forçage vocal.




    Fatigue vocale chez les enseignants et efficacité de programmes de prévention des troubles de la voix


    Problématique :

    Les enseignants sont nombreux à ressentir une fatigue vocale ou des troubles de la voix (maux de gorge, enrouement, extinction de voix). Les femmes, en pLes enseignants sont nombreux à ressentir une fatigue vocale ou des troubles de la voix (maux de gorge, enrouement, extinction de voix). Les femmes, en particulier celles enseignant en primaire et maternelle, sont les plus touchées. Leurs problèmes vocaux apparaissent généralement durant leurs premières années d’expérience, et peuvent dans certains cas devenir chroniques et mener à des lésions sur les cordes vocales. Trois situations posent particulièrement des difficultés vocales aux enseignants : (1) les situations de « projection vocale » dans un classe bruyante, un gymnase ou une cour de récréation, (2) les situations chargées émotionnellement (stress face à la classe, colère, …), (3) les situations où l’enseignant n’arrive plus à rétablir le calme et cherche à capter l’attention.


    Objectif :

    Le but de cette étude était de mettre en place une formation pratique sur une journée, animée par un médecin phoniatre et plusieurs orthophonistes, pour apprendre à un panel de jeunes femmes enseignant en 1er degré à mieux gérer leur voix dans ces situations particulièrement problématiques. Puis de tester l’efficacité de cette formation, en terme de réduction de la fatigue vocale et d’apparition de symptômes (maux de gorge, aphonie, …)


    Méthode :

    L’étude portait sur deux groupes d’enseignantes, un groupe « test » qui a suivi une journée de formation en Octobre, et un groupe « contrôle », qui n’a suivi aucune formation. Sur les 5 mois suivant la formation, l’ensemble des participantes des deux groupes ont été suivies au cours de 3 rendez vous (début octobre, mi décembre, début février) où nous sommes allées les enregistrer à leur école, en situation d’enseignement. Ces enregistrements ont servi à évaluer :
    -  dans quelle mesure les conseils de prévention ont été assimilés dans leur comportement vocal et pédagogique
    -  comment leur voix s’est fatiguée au cours d’une journée de travail, et comment cette fatigue a évolué au cours des 5 premiers mois de l’année scolaire.


    Résultats :

    Les analyses des questionnaires et vidéos ont montré que les participantes à la journée de formation appliquaient la plupart des conseils en situation de classe (postures, évitement des situations d’effort vocal, etc.). L’analyse des descripteurs acoustiques (intensité, hauteur, stabilité, quantité d’air sur la voix) a montré une légère dégradation de la voix au cours de l’année, moins marquée chez les enseignantes qui avaient suivi la formation. Le ressenti de confort et de contrôle de sa voix a évolué sur l’année, avec une forte augmentation des plaintes en décembre, mais avec une dégradation moindre chez le groupe ayant reçu une prévention.


    Communications :

    • Remacle, A., Gerber, S., David, C., Pétillon, C. et Garnier, M. (2015) « Impact of a one-day prevention voice program for teachers : a longitudinal study », Pan European Voice Conference, Firenze.
    • Remacle, A., David, C., Pétillon, C. et Garnier, M. (2015) « Modifications acoustiques de la voix d’enseignantes au cours de la journée et de l’année scolaire», Journées de Phonétique Clinique, Montpellier.




Bégaiement et discoordination des gestes de parole


Problématique :

Les personnes qui bégaient montrent différents types de disfluences. L’une d’elle peut consister en un blocage du geste de production, en particulier pour des consonnes occlusives. Ce blocage semble être caractérisé par des tensions articulatoires importantes.


Objectif :

L’objectif du mémoire d’Anaïs da Fonseca a été d’objectiver et de quantifier les efforts respiratoires, articulatoires et laryngés mis en jeu dans la production de consonnes occlusives labiales (/p/, /b/, /m/) chez des personnes qui bégaient, lorsque la production se fait et lorsqu’elle subit un blocage, et par comparaison à la production de personnes ne présentant aucun trouble de la parole.


Méthode :

Pour ce faire, nous avons mesuré la force articulatoire des mouvements de fermeture labiale, la pression inbtra-orale et le contact glottique, lors de la production de consonnes occlusives bilabiales (/p/, /b/, /m/), dans des conditions favorisant l’apparition de disfluences (débit de parole rapide, clusters consonantiques …).


Premiers résultats:

Contrairement à nos attentes, nous avons observé une force interlabiale et une pression intra-oarle plus faibles chez les personnes qui bégaient, à la fois pendant les épisodes de disfluence, mais également sur le reste de leur parole en apparence fluente. Ces résultats semblent suggérer que les tensions orafaciales reportées chez les personnes qui bégaient, ainsi que les niveaux d'activité musculaire accrus, seraient plutôt associés à des cocontractions de muscles antagonistes et à un blocage des mouvements, plutôpt qu'à une augentation de l'amplitude et de la force de ces mouvements.

 

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